Votre Décennale Facile

Risque de Perte d’un Ouvrage Avant Réception : Qui en Assume la Responsabilité ?

QUE SE PASSE T-IL A LA PERTE D'UN OUVRAGE AVANT SA RECEPTION
Bouton Toolbox

La construction d’un ouvrage, qu’il s’agisse d’une maison individuelle ou d’un immeuble, est un projet complexe, exigeant et coûteux. Durant toute la phase de chantier, de nombreux imprévus peuvent survenir, pouvant affecter la structure en cours de réalisation : incendies, inondations, accidents, vols, vandalisme, ou même des erreurs techniques. L’un des risques majeurs auxquels font face les intervenants est celui de la perte de l’ouvrage avant sa réception officielle.

La réception de l’ouvrage marque en effet une étape cruciale dans un projet de construction. C’est à ce moment précis que l’ouvrage est considéré comme terminé, que le maître d’ouvrage l’accepte, et que certaines garanties légales, comme la responsabilité décennale, commencent à s’appliquer. Mais avant cette réception, qui est juridiquement responsable en cas de perte ou de détérioration de l’ouvrage ? Qui doit assumer les coûts de réparation ou de reconstruction ? Et quelles sont les solutions pour se protéger contre ces risques ? 

Dans cet article, nous verrons  la répartition des responsabilités liées à la perte de l’ouvrage avant sa réception. Nous examinerons les règles légales qui encadrent cette question, la distinction entre les situations où l’entrepreneur fournit ou ne fournit pas la matière, et les différentes solutions d’assurances qui permettent de protéger l’ouvrage durant la phase de construction. La gestion des risques dans un chantier est primordiale pour assurer la réussite d’un projet. C’est pourquoi, il est important de bien comprendre les obligations légales et contractuelles qui régissent cette question. 

Comprendre la théorie des risques dans la construction

La théorie des risques est un concept juridique fondamental en matière contractuelle, qui détermine laquelle des parties contractantes supporte les conséquences en cas d’inexécution du contrat pour des raisons imprévues. Dans le secteur de la construction, cette théorie est particulièrement importante, car elle s’applique aux situations où un sinistre survient avant la réception de l’ouvrage.  

Les articles 1788 à 1790 du Code Civil définissent les règles de répartition des risques en construction. Ces articles s’intéressent principalement à la question suivante : qui fournit la matière nécessaire à la construction ? La réponse à cette question va déterminer qui, entre l’entrepreneur et le maître d’ouvrage, supportera le risque en cas de perte de l’ouvrage avant la réception. En effet, la fourniture de la matière, souvent définie dans le contrat de construction, joue un rôle central dans la répartition des responsabilités. 

La réception de l’ouvrage marque l’achèvement des travaux et le transfert de responsabilité de l’entrepreneur vers le maître d’ouvrage. Cette étape formelle est cruciale car elle déclenche l’application de certaines garanties légales, comme la garantie de parfait achèvement ou la garantie décennale. Avant la réception, c’est l’entrepreneur qui reste responsable de la garde de l’ouvrage, mais cette responsabilité peut être modulée en fonction des circonstances, notamment la fourniture de la matière. 

L’entrepreneur fournissant la matière : Le régime de l’article 1788 du Code Civil

Lorsque l’entrepreneur est responsable de la fourniture de la matière, le régime applicable est défini par l’article 1788 du Code Civil. Cet article pose un principe clair : si l’ouvrage périt avant la réception, quelle que soit la cause, l’entrepreneur en assume la responsabilité. Il s’agit d’une règle stricte qui place le poids des risques sur les épaules de l’entrepreneur, tant que la réception n’a pas eu lieu.  

L’article 1788 prévoit que l’entrepreneur qui fournit la matière est entièrement responsable de la perte de l’ouvrage. Cela signifie que si l’ouvrage est détruit à la suite d’un incendie, d’une inondation ou de tout autre sinistre avant la réception, l’entrepreneur doit soit reconstruire l’ouvrage à ses frais, soit rembourser le maître d’ouvrage pour les travaux déjà réalisés. 

Le fondement de ce régime repose sur la notion de « garde de l’ouvrage ». L’entrepreneur est considéré comme ayant la garde de l’ouvrage tant que la réception n’a pas été effectuée. Cette garde confère à l’entrepreneur une responsabilité étendue pour tout dommage survenant avant la remise de l’ouvrage. Cependant, l’article 1788 prévoit une exception importante. Si le maître d’ouvrage refuse de réceptionner l’ouvrage,  l’entrepreneur est alors dégagé de sa responsabilité. Ce cas de figure survient notamment lorsque l’ouvrage est terminé, mais que le maître d’ouvrage retarde volontairement la réception. Dans cette situation, l’entrepreneur ne peut être tenu responsable des risques après la mise en demeure.

En revanche, si la faute de l’entrepreneur est démontrée, celui-ci restera pleinement responsable des conséquences. Par exemple, s’il est prouvé que la perte de l’ouvrage avant la réception est due à une négligence ou à une erreur de l’entrepreneur, sa responsabilité sera engagée. Un arrêt de la Cour de cassation (Civ. 3ème, 13 octobre 2016, n°15-23.340) a clarifié ce point en insistant sur le fait que l’entrepreneur reste responsable même en cas de force majeure, s’il est prouvé qu’il a commis une faute. 

L’entrepreneur ne fournissant pas la matière : Application de l’article 1789

Lorsque l’entrepreneur n’est pas responsable de la fourniture de la matière, l’article 1789 du Code Civil prévoit un régime différent. Dans cette situation, c’est le maître d’ouvrage qui supporte le risque de la perte de l’ouvrage, sauf en cas de faute de l’entrepreneur. 

Contrairement à la situation où l’entrepreneur fournit la matière, ici, le risque repose sur le maître d’ouvrage. Cela signifie que si l’ouvrage est détruit avant la réception pour une raison autre qu’une faute de l’entrepreneur, c’est le maître d’ouvrage qui en subira les conséquences. Par exemple, si le maître d’ouvrage fournit des matériaux défectueux, et que ces derniers causent la perte de l’ouvrage, l’entrepreneur ne pourra pas être tenu responsable de cette perte. 

L’entrepreneur, quant à lui, pourra exiger un paiement pour le travail réalisé jusqu’à la perte de l’ouvrage, sous réserve que la perte soit due à un vice de la matière fournie par le maître d’ouvrage. Ce régime protège donc l’entrepreneur lorsqu’il n’a pas de contrôle sur la qualité des matériaux utilisés dans le chantier. 

Toutefois, il faut noter que l’entrepreneur n’est pas totalement exempté de responsabilité dans cette situation. Si la perte de l’ouvrage est due à une faute de l’entrepreneur (par exemple, un défaut d’exécution des travaux ou une négligence dans la mise en œuvre des matériaux), il sera tenu responsable. Dans ce cas, l’entrepreneur devra assumer les coûts de réparation ou de reconstruction, même s’il n’a pas fourni la matière. 

Les assurances pour les chantiers en cours

Bien que la législation impose la souscription obligatoire de l’assurance décennale et de la garantie dommages-ouvrage pour les professionnels de la construction, l’assurance Tous Risques Chantier (TRC) n’est pas légalement obligatoire. Cependant, elle est fortement recommandée pour se protéger contre les risques imprévus susceptibles de survenir avant la réception de l’ouvrage. 

Voici les descriptions de ces différentes garanties : 

  • L’assurance Tous Risques Chantier ou TRC est une couverture essentielle pour les chantiers en cours. Elle offre une protection contre les dommages matériels pouvant survenir pendant la période de construction, qu’ils soient causés par des facteurs externes (intempéries, incendies, vol) ou par des erreurs humaines. La TRC protège l’entrepreneur et le maître d’ouvrage, en garantissant une indemnisation rapide pour les réparations ou la reconstruction en cas de perte partielle ou totale de l’ouvrage avant sa réception. Contrairement aux deux prochaines garanties qui vont suivre, la TRC n’est pas obligation mais reste fortement recommandée.
  • La garantie dommages-ouvrage démarre après la réception, elle peut inclure une couverture anticipée pour les sinistres survenus peu avant cette étape. En souscrivant cette assurance, le maître d’ouvrage s’assure une indemnisation rapide en cas de dommages affectant l’ouvrage avant la réception. Cela évite les litiges entre le maître d’ouvrage et l’entrepreneur concernant la responsabilité des dégâts. Comme la décennale, l’assurance dommage-ouvrage est obligatoire et doit être souscrite avant l’ouverture du chantier.
  • L’assurance responsabilité civile décennale est obligatoire pour tous les professionnels de la construction (façadier, vérandaliste, artisan-couvreur, contrôleur technique, etc.) . Bien qu’elle prenne effet après la réception de l’ouvrage, elle est essentielle pour couvrir les défauts affectant la solidité de l’ouvrage ou le rendant impropre à sa destination. Souscrire cette assurance dès le début du chantier permet d’assurer une protection continue tout au long du projet, en couvrant notamment les répercussions des sinistres survenus avant la réception, mais qui pourraient être constatés après. 

 

Ampoule

A Retenir

Risque de Perte Avant Réception d’un Ouvrage : Qui Est Responsable ?

La réception de l’ouvrage marque en effet une étape cruciale dans un projet de construction. C’est à ce moment précis que l’ouvrage est considéré comme terminé, que le maître d’ouvrage l’accepte, et que certaines garanties légales, comme la responsabilité décennale, commencent à s’appliquer. Mais avant cette réception, qui est juridiquement responsable en cas de perte ou de détérioration de l’ouvrage ?

Avant la réception de l’ouvrage, la responsabilité de la perte ou de la détérioration repose principalement sur l’entrepreneur si ce dernier fournit la matière nécessaire. Dans ce cas, l’entrepreneur doit réparer ou reconstruire à ses frais en cas de sinistre. Si l’entrepreneur ne fournit pas la matière, le maître d’ouvrage assume le risque, sauf en cas de faute de l’entrepreneur.
L’article 1788 du Code civil stipule que lorsque l’entrepreneur fournit les matériaux, il est responsable de la perte de l’ouvrage avant la réception, quelle qu’en soit la cause. Cependant, si le maître d’ouvrage refuse de réceptionner l’ouvrage après mise en demeure, l’entrepreneur est dégagé de cette responsabilité. 
Dans les cas où l’entrepreneur ne fournit pas les matériaux (article 1789), le maître d’ouvrage supporte le risque de perte de l’ouvrage, sauf en cas de faute de l’entrepreneur.
L’entrepreneur peut réclamer le paiement pour les travaux effectués jusqu’à la perte, à condition que celle-ci soit due à un vice des matériaux fournis par le maître d’ouvrage. 
Pour une meilleure tranquillité d’esprit, il est fortement recommandé de souscrire une assurance TRC pour couvrir pendant toute la période de travaux.
Les professionnels sont aussi invités à respecter leurs obligations légales en matière d’assurance décennale et dommages-ouvrage pour mieux anticiper les risques de sinistres.  

Visitez votredecennalefacile.fr dès aujourd’hui et remplissez notre formulaire en ligne pour recevoir votre devis. Protégez votre activité et vos clients avec une assurance décennale adaptée à vos besoins. 

Oli est toujours présente pour
vous répondre alors n’hésitez pas !

Articles intéressants à lire

Cet article vous a été utile ?
Téléchargez sa fiche pratique pour le consulter à tout moment

Mascotte Oli valide