La réception des travaux constitue une étape déterminante dans tout projet de construction, marquant la fin officielle des travaux et scellant la relation contractuelle entre le maître d’ouvrage et l’entrepreneur. À ce moment crucial, un procès-verbal est généralement signé, confirmant que les travaux ont été réalisés conformément aux clauses du contrat. Elle symbolise non seulement l’achèvement du chantier, mais aussi le passage de la responsabilité de l’ouvrage du constructeur au maître d’ouvrage.
Toutefois, cette étape, bien qu’essentielle, peut s’avérer complexe et risquée. Lorsqu’elle est mal préparée ou insuffisamment documentée, elle devient une source de litiges qui peuvent impacter durablement les deux parties. En effet, des défauts apparaissant après la réception des travaux suscitent souvent des désaccords, notamment lorsqu’il s’agit de différencier les défauts apparents, visibles au moment de la réception, et les défauts cachés, qui ne se révèlent qu’après coup.
Ces situations soulèvent des questions juridiques complexes et des enjeux financiers majeurs, qui peuvent mettre en péril la relation contractuelle et la stabilité économique des acteurs concernés. Dans cet article, nous explorons un cas concret de litige pour illustrer ces problématiques. Nous analyserons les responsabilités des parties, les pièges à éviter et les bonnes pratiques à adopter pour gérer la réception des travaux avec sérénité et prévenir les conflits.
Contexte : Une réception sans réserves
Dans ce cas pratique, un maître d’ouvrage a fait construire une maison individuelle par un entrepreneur. Après plusieurs mois de travaux, une réception formelle des travaux a été organisée. Lors de cette étape, le maître d’ouvrage a signé le procès-verbal de réception sans émettre de réserves. Cependant, quelques mois après avoir emmenagé, il a remarqué des fissures sur les murs et des infiltrations d’eau au niveau de la toiture. Considérant que ces défauts étaient présents au moment de la réception, il a demandé des réparations en invoquant la garantie décennale.
De son côté, l’entrepreneur a contesté la demande, arguant que la réception sans réserves équivaut à une acceptation des travaux en l’état, et que les défauts apparents ne pouvaient plus faire l’objet d’une réclamation. Un véritable bras de fer juridique s’est engagé pour déterminer si les fissures et les infiltrations pouvaient être considérées comme des malfaçons couvertes par la garantie décennale ou comme des défauts apparents qui auraient dû être signalés lors de la réception.
Un problème juridique
La question centrale est de savoir si la réception des travaux sans réserves prive le maître d’ouvrage de la possibilité de demander des réparations, même en cas de défauts apparents. La réponse à cette question repose sur deux éléments clés : la distinction entre défauts apparents et défauts cachés, et la portée juridique de la réception sans réserves.
Quelques précisions juridiques sur la réception des travaux
Conformément à l’article 1792 du Code civil, la réception des travaux marque la fin de l’engagement contractuel principal entre le maître d’ouvrage et l’entrepreneur. Elle est souvent accompagnée d’un procès-verbal qui peut contenir des réserves si des défauts sont constatés. Lorsque le maître d’ouvrage signe le procès-verbal sans émettre de réserves, cela signifie, en principe, qu’il accepte les travaux tels qu’ils sont.
Cependant, cette acceptation n’est pas absolue. Les défauts doivent être classés en deux catégories :
- Les défauts apparents : Ils sont visibles lors de la réception. S’ils ne sont pas signalés par des réserves au moment de la réception, ils ne peuvent en principe plus être invoqués ultérieurement.
- Les défauts cachés : Ils ne sont pas décelables à la réception. Ces défauts peuvent être couverts par la garantie décennale, qui protège le maître d’ouvrage contre les malfaçons affectant la solidité de l’ouvrage ou le rendant impropre à sa destination, pendant une durée de dix ans.
Dans ce cas, les fissures et infiltrations sont considérées comme des défauts apparents. En signant la réception sans réserves, le maître d’ouvrage a techniquement accepté l’ouvrage en l’état, ce qui complique la mise en œuvre de la garantie décennale.
Résolution : La responsabilité contractuelle au secours du maître d’ouvrage
Bien que la garantie décennale ne puisse être invoquée dans ce cas, cela ne signifie pas que le maître d’ouvrage soit sans recours. Il peut engager une action en responsabilité contractuelle contre l’entrepreneur pour malfaçon. L’article 1792-6 du Code civil prévoit que l’entrepreneur est responsable des défauts qui compromettent la conformité ou la solidité de l’ouvrage.
Dans ce cas précis, les fissures et infiltrations pourraient être le résultat d’une mauvaise exécution des travaux, comme une pose incorrecte de la couverture ou l’utilisation de matériaux inadéquats. Si ces malfaçons sont avérées, l’entrepreneur pourrait être tenu de procéder aux réparations, même si elles concernent des défauts apparents.
Responsabilité de l’entrepreneur
L’entrepreneur a l’obligation contractuelle de livrer un ouvrage conforme aux normes et au cahier des charges. Dans ce cas, l’absence de réserves ne le décharge pas de sa responsabilité si les défauts sont liés à une malfaçon. Par conséquent, même en l’absence de réserves, il pourrait être contraint de réparer les fissures et les infiltrations, si celles-ci résultent directement de ses erreurs.
Les enseignements à tirer de ce cas pratique
Ce cas illustre l’importance de la vigilance lors de la réception des travaux. Voici quelques bonnes pratiques à suivre :
- Vérification minutieuse : Inspectez attentivement chaque détail de l’ouvrage avant de signer le procès-verbal de réception.
- Assistance d’un expert : En cas de doute, faites appel à un professionnel du bâtiment pour évaluer la conformité des travaux.
- Réserves précises : Mentionnez tous les défauts visibles dans le procès-verbal et demandez leur réparation avant de valider la réception.
- Conservation des preuves : Prenez des photos ou conservez tout document attestant des défauts constatés.


À Retenir
- La réception des travaux marque la fin officielle de l’engagement contractuel entre le maître d’ouvrage et l’entrepreneur, symbolisant l’acceptation de l’ouvrage tel qu’il est présenté.
- Les défauts apparents doivent être signalés lors de la réception pour être pris en compte, tandis que les défauts cachés, non visibles à ce moment-là, peuvent bénéficier de la garantie décennale.
- Signer une réception sans émettre de réserves équivaut à accepter les travaux en l’état, mais cela n’exonère pas l’entrepreneur de sa responsabilité en cas de malfaçon avérée.
- En cas de défauts apparents non signalés, le maître d’ouvrage peut toujours engager une action en responsabilité contractuelle si les malfaçons compromettent la conformité ou la solidité de l’ouvrage.
- L’entrepreneur reste tenu de livrer un ouvrage conforme au cahier des charges, même en l’absence de réserves émises.
- Inspecter minutieusement les travaux, s’entourer d’un expert si nécessaire, émettre des réserves détaillées, et conserver des preuves pour se protéger contre d’éventuels litiges.
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