Dans un contexte où la transition énergétique est au cœur des préoccupations, le secteur de la rénovation énergétique joue un rôle clé pour réduire la consommation d’énergie des bâtiments et lutter contre le changement climatique. En France, pour encourager cette transition, l’État a mis en place plusieurs dispositifs d’aides financières, telles que MaPrimeRénov’, l’éco-prêt à taux zéro (éco-PTZ), ou encore le Crédit d’Impôt pour la Transition Énergétique (CITE), destinés à aider les propriétaires à financer des travaux de rénovation énergétique.
Cependant, pour bénéficier de ces aides, il existe une condition fondamentale : les travaux doivent être réalisés par des professionnels certifiés RGE (Reconnu Garant de l’Environnement). Cette certification est un gage de compétence et de conformité aux normes en matière d’efficacité énergétique, et elle garantit que l’entreprise respecte les critères techniques définis par l’État pour que les travaux puissent être financés.
Mais que se passe-t-il lorsque des entreprises non certifiées RGE souhaitent bénéficier de ces aides pour leurs clients, mais sous-traitent une partie des travaux à une société RGE ? Cette situation peut prêter à confusion, et de nombreuses questions se posent : une entreprise non RGE peut-elle communiquer à ses clients que les travaux sont éligibles aux aides de l’État ? Faut-il que l’entreprise sous-traitante certifiée RGE assume toute la responsabilité, ou l’entreprise principale peut-elle également faire valoir ces aides dans le cadre de son offre ?
Les enjeux sont importants : non seulement pour les entreprises qui risquent de perdre de précieux clients si elles ne respectent pas les règles, mais aussi pour les particuliers qui pourraient être induits en erreur. Une mauvaise information pourrait non seulement annuler les aides auxquelles les clients pensent avoir droit, mais aussi entraîner des conséquences juridiques pour les entreprises qui ne respectent pas les conditions légales.
Dans cet article, nous allons examiner les implications juridiques et les risques associés à cette situation. Nous analyserons les conditions d’éligibilité aux aides de l’État, les obligations des entreprises non certifiées RGE qui sous-traitent des travaux à des sociétés RGE, et la manière dont elles doivent communiquer avec leurs clients pour éviter tout litige.
Les aides de l'État pour la rénovation énergétique : qui en bénéficie ?
Les aides de l’État sont destinées à soutenir les propriétaires de logements dans la réalisation de travaux permettant d’améliorer leur efficacité énergétique. Ces travaux peuvent inclure l’isolation thermique, la mise en place d’un système de chauffage plus écologique, ou encore l’installation de panneaux solaires. Cependant, pour qu’un particulier puisse bénéficier de ces aides, il est indispensable que les travaux soient réalisés par un professionnel certifié RGE.
La certification RGE est attribuée aux entreprises qui respectent des critères stricts en matière de compétence technique et de respect des normes environnementales. Cette certification est un gage de qualité, qui permet d’assurer que les travaux seront réalisés dans les règles de l’art et que les matériaux utilisés sont conformes aux exigences des aides publiques.
Les principaux programmes d’aides, tels que MaPrimeRénov’ ou l’éco-PTZ, stipulent clairement que l’éligibilité des travaux dépend de la certification RGE de l’entreprise réalisant les interventions. Il est donc indispensable pour un particulier de vérifier que l’entreprise en charge des travaux est bien certifiée avant de commencer un projet, sous peine de voir sa demande d’aide rejetée.
Sous-traitance : peut-on faire valoir les aides ?
Lorsqu’une entreprise non RGE sous-traite des travaux à une société RGE, elle peut être tentée de faire croire à ses clients que ces derniers ont droit aux aides de l’État. Cependant, la réalité est plus complexe. Même si le sous-traitant est certifié RGE, cela ne signifie pas que l’entreprise principale, non certifiée, puisse bénéficier de cette certification ou communiquer directement sur l’éligibilité des travaux.
Les travaux réalisés par un sous-traitant RGE
En principe, les aides de l’État sont réservées aux travaux réalisés par un professionnel certifié RGE. Ainsi, si un sous-traitant RGE est chargé de réaliser les travaux, ces derniers peuvent effectivement être éligibles aux aides. Toutefois, ce n’est pas l’entreprise principale qui bénéficie de la certification RGE, mais bien le sous-traitant.
Il est crucial de comprendre que l’éligibilité aux aides de l’État repose sur la qualité des travaux réalisés et non sur la certification RGE de l’entreprise principale. En d’autres termes, l’entreprise principale, non certifiée, ne peut pas garantir à ses clients que ces derniers bénéficieront des aides simplement parce que les travaux sont sous-traités à une entreprise RGE.
Toutefois, une exception existe : si le sous-traitant RGE facture directement le client, alors l’aide peut être accordée. Mais dans ce cas, l’entreprise non RGE ne peut pas mentionner ces aides dans ses offres commerciales, car elle n’en est pas directement bénéficiaire.
Les risques juridiques de la mauvaise information
Les conséquences de communiquer de manière erronée sur l’éligibilité des aides peuvent être graves. Si un particulier est informé par une entreprise non RGE qu’il peut bénéficier des aides de l’État en raison de la sous-traitance d’une société RGE, il pourrait se retrouver dans une situation où il n’est finalement pas éligible. En cas de refus de l’aide par les autorités compétentes, cela pourrait entraîner un litige entre l’entreprise et le client.
Si le client estime avoir été trompé par l’entreprise, il pourrait demander des compensations, voire entamer une action en justice pour fraude ou pratique commerciale trompeuse. Ce type de litige peut non seulement coûter cher à l’entreprise en termes de dommages et intérêts, mais aussi nuire à sa réputation et à sa crédibilité sur le marché.
Les précautions à prendre : comment éviter les risques ?
Afin de limiter les risques juridiques et de protéger à la fois l’entreprise et ses clients, il est essentiel d’adopter une communication transparente et précise concernant les aides de l’État.
Clarification du statut RGE de l’entreprise
Une des premières précautions à prendre est de clairement indiquer à vos clients que l’entreprise principale n’est pas certifiée RGE. Il est également important de préciser que, même si un sous-traitant RGE intervient, cela ne garantit pas automatiquement que le client pourra bénéficier des aides, car l’éligibilité dépend de l’ensemble des critères du programme d’aide.
L’entreprise non RGE doit être transparente sur le fait que la certification RGE n’est pas transférable d’une société à une autre. Les clients doivent comprendre que le sous-traitant RGE est la seule partie qui peut garantir l’éligibilité des travaux en termes de conformité aux exigences des aides.
Informer sur les démarches à suivre
L’entreprise non RGE doit également conseiller ses clients sur les démarches à suivre pour vérifier l’éligibilité des travaux. Par exemple, le client doit être informé de la nécessité de vérifier que le sous-traitant est bien inscrit à un programme d’aides et qu’il respecte toutes les conditions requises pour bénéficier des aides de l’État. L’entreprise principale peut également aider ses clients en fournissant des informations sur le processus administratif à suivre, mais toujours sous réserve que les conditions soient remplies.
Éviter les promesses trompeuses
L’entreprise non RGE doit absolument éviter de faire des promesses sur les aides de l’État sans certitude. Par exemple, des formulations comme « vous bénéficierez de l’aide de l’État » ou « ces travaux sont éligibles à une subvention » doivent être évitées. Une bonne pratique serait de préciser que « les travaux réalisés par notre sous-traitant RGE peuvent être éligibles, sous réserve des critères des aides de l’État ».
Les obligations légales de l'entreprise non RGE
Outre la communication transparente, il existe des obligations légales que les entreprises non RGE doivent respecter lorsqu’elles sous-traitent des travaux à des sociétés RGE.
Respect des normes et certifications
Même si l’entreprise principale n’est pas certifiée RGE, elle a l’obligation de garantir que les travaux réalisés sous son nom respectent les normes en vigueur, notamment en matière de performance énergétique et de qualité d’exécution. Cette exigence est d’autant plus importante que le bénéfice des aides de l’État repose sur le respect strict des critères imposés par les dispositifs de financement.
Dans ce cadre, l’entreprise doit s’assurer que son sous-traitant détient bien une certification RGE valide et en cours de validité. Cette certification peut être vérifiée en consultant les bases de données officielles, telles que celles de l’Ademe ou de France Rénov’. Il est également recommandé de demander une copie du certificat RGE et de vérifier que l’activité concernée (chauffage, isolation, menuiserie, etc.) est bien couverte par la qualification obtenue.
Au-delà de la certification, l’entreprise principale doit s’assurer que le sous-traitant applique les bonnes pratiques en matière de travaux de rénovation énergétique. Cela peut passer par la mise en place d’audits internes ou externes, notamment en contrôlant les chantiers réalisés et en exigeant des rapports d’exécution détaillés. Une attention particulière doit être portée à la traçabilité des matériaux utilisés, au respect des délais et aux techniques de mise en œuvre, car un travail non conforme pourrait remettre en cause l’éligibilité des aides et entraîner des réclamations de la part des clients.
Enfin, une vigilance accrue est nécessaire concernant les évolutions réglementaires. Les conditions d’obtention des aides publiques peuvent être modifiées par l’État ou les organismes de certification. L’entreprise principale doit donc s’assurer que son sous-traitant RGE met à jour ses pratiques et respecte les dernières normes en vigueur.
Responsabilité contractuelle
Lorsqu’une entreprise non RGE sous-traite des travaux à une société certifiée RGE, il est essentiel d’encadrer cette collaboration par un contrat clair et détaillé. Ce contrat doit définir avec précision les rôles et responsabilités de chaque partie afin d’éviter tout malentendu ou litige ultérieur.
Un des points clés concerne la responsabilité liée à l’obtention des aides de l’État. Pour éviter tout risque juridique, le contrat peut inclure une clause spécifiant que le sous-traitant RGE assume l’entière responsabilité de la certification et des démarches administratives nécessaires pour que le client final puisse bénéficier des aides. Cette clause peut notamment préciser :
- Que le sous-traitant est responsable de la validation des critères d’éligibilité et de la fourniture des attestations requises.
- Qu’il doit remettre à l’entreprise principale tous les documents justificatifs prouvant que les travaux sont réalisés dans le cadre des normes exigées par l’État.
- Qu’il s’engage à respecter les délais et procédures spécifiques aux dispositifs d’aide afin de ne pas compromettre le financement des travaux.
Il est également important de mentionner dans le contrat que l’entreprise non RGE ne peut pas elle-même garantir à ses clients l’accès aux aides, sauf si elle est en mesure de prouver que l’ensemble des travaux concernés est bien réalisé par une entreprise certifiée RGE. Une mention erronée sur un devis ou une communication trompeuse pourrait être considérée comme une pratique commerciale déloyale, avec des conséquences juridiques lourdes.
Enfin, pour limiter les risques, l’entreprise principale peut exiger du sous-traitant RGE qu’il souscrive une assurance spécifique couvrant les éventuelles contestations des aides par l’administration ou les clients. Cette précaution permet de protéger les deux parties et d’assurer la sécurité financière du projet.
En résumé, bien que la sous-traitance à une entreprise RGE puisse permettre à un client d’accéder aux aides publiques, l’entreprise non RGE doit être particulièrement rigoureuse dans la gestion des normes, des certifications et des responsabilités contractuelles. Un cadre juridique clair et une vérification systématique des obligations de chaque acteur sont indispensables pour sécuriser ce type de collaboration.


À Retenir
- Seules les entreprises certifiées RGE peuvent permettre aux clients de bénéficier des aides publiques pour la rénovation énergétique.
- Si elle sous-traite à une entreprise RGE, elle ne peut pas communiquer sur ces aides comme si elle était elle-même certifiée.
- L’entreprise principale doit s’assurer que son sous-traitant est bien certifié RGE et que son certificat couvre bien l’activité concernée.
- Même en sous-traitance, les travaux doivent être conformes aux exigences réglementaires pour garantir l’éligibilité aux aides.
- Un contrat clair doit être établi, précisant que le sous-traitant RGE est responsable des démarches administratives liées aux aides.
- Une entreprise non RGE ne doit pas induire ses clients en erreur en affirmant qu’ils auront droit aux aides si elle-même n’est pas certifiée.
- Pour se protéger des litiges, l’entreprise principale peut exiger que le sous-traitant RGE souscrive une assurance couvrant d’éventuels refus d’aides.
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